L’ÉVANGILE SELON LE SPIRITISME

Allan Kardec

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Qui est ma mère et qui sont mes frères ?

5. Et étant venu dans la maison, il s'y assembla une si grande foule de peuple qu'ils ne pouvaient pas même prendre leur repas. - Ce que ses proches ayant appris, ils vinrent pour se saisir de lui, car ils disaient qu'il avait perdu l'esprit.

Cependant sa mère et ses frères étant venus, et se tenant en dehors, envoyèrent l'appeler. - Or, le peuple était assis autour de lui, et on lui dit : Votre mère et vos frères sont là dehors qui vous demandent. - Mais il leur répondit : Qui est ma mère, et qui sont mes frères ? - Et regardant ceux qui étaient assis autour de lui : Voici, dit-il, ma mère et mes frères ; - car quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma soeur et ma mère. (Saint Marc, ch. III, v. 20, 21 et de 31 à 35 ; saint Matthieu, ch. XII, v. de 46 à 50.)

6. Certaines paroles semblent étranges dans la bouche de Jésus, et contrastent avec sa bonté et son inaltérable bienveillance pour tous. Les incrédules n'ont pas manqué de s'en faire une arme en disant qu'il se contredisait lui-même. Un fait irrécusable, c'est que sa doctrine a pour base essentielle, pour pierre angulaire, la loi d'amour et de charité ; il ne pouvait donc détruire d'un côté ce qu'il établissait de l'autre ; d'où il faut tirer cette conséquence rigoureuse, que, si certaines maximes sont en contradiction avec le principe, c'est que les paroles qu'on lui prête ont été mal rendues, mal comprises, ou qu'elles ne sont pas de lui.

7. On s'étonne avec raison de voir, en cette circonstance, Jésus montrer tant d'indifférence pour ses proches, et en quelque sorte renier sa mère.

Pour ce qui est de ses frères, on sait qu'ils n'avaient jamais eu de sympathie pour lui ; Esprits peu avancés, ils n'avaient point compris sa mission ; sa conduite, à leurs yeux, était bizarre, et ses enseignements ne les avaient point touchés, puisqu'il n'eut aucun disciple parmi eux ; il paraîtrait même qu'ils partageaient jusqu'à un certain point les préventions de ses ennemis ; il est certain, du reste, qu'ils l'accueillaient plus en étranger qu'en frère quand il se présentait dans la famille, et saint Jean dit positivement (ch. XII, v. 5) «qu'ils ne croyaient pas en lui

Quant à sa mère, nul ne saurait contester sa tendresse pour son fils ; mais il faut bien convenir aussi qu'elle ne paraît pas s'être fait une idée très juste de sa mission, car on ne l'a jamais vue suivre ses enseignements, ni lui rendre témoignage, comme l'a fait Jean-Baptiste ; la sollicitude maternelle était, chez elle, le sentiment dominant. A l'égard de Jésus, lui supposer d'avoir renié sa mère, ce serait méconnaître son caractère ; une telle pensée ne pouvait animer celui qui a dit : Honorez votre père et votre mère. Il faut donc chercher un autre sens à ses paroles, presque toujours voilées sous la forme allégorique.

Jésus ne négligeait aucune occasion de donner un enseignement ; il saisit donc celle que lui offrait l'arrivée de sa famille pour établir la différence qui existe entre la parenté corporelle et la parenté spirituelle.

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