LA GENÈSE, LES MIRACLES ET LES PRÉDICTIONS SELON LE SPIRITISME

Allan Kardec

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53.- De cet état de choses, il est résulté un double courant d'idées : les unes allant des extrémités au centre, les autres retournant du centre à la circonférence. C'est ainsi que la doctrine a promptement marché vers l'unité, malgré la diversité des sources d'où elle est émanée ; que les systèmes divergents sont peu à peu tombés, par le fait de leur isolement, devant l'ascendant de l'opinion de la majorité, faute d'y trouver des échos sympathiques. Une communion de pensées s'est dès lors établie entre les différents centres partiels ; parlant la même langue spirituelle, ils se comprennent et sympathisent d'un bout au monde à l'autre.

Les Spirites se sont trouvés plus forts, ils ont lutté avec plus de courage, ils ont marché d'un pas plus assuré, quand ils ne se sont plus vus isolés, quand ils ont senti un point d'appui, un lien qui les rattachait à la grande famille ; les phénomènes dont ils étaient témoins ne leur ont plus semblé étranges, anormaux, contradictoires, quand ils ont pu les rattacher à des lois générales d'harmonie, embrasser d'un coup d'oeil l'édifice, et voir à tout cet ensemble un but grand et humanitaire[5].

Mais comment savoir si un principe est enseigné partout, ou s'il n'est que le résultat d'une opinion individuelle ? Les groupes isolés n'étant pas à même de savoir ce qui se dit ailleurs, il était nécessaire qu'un centre rassemblât toutes les instructions pour faire une sorte de dépouillement des voix, et porter à la connaissance de tous l'opinion de la majorité[6].

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[5] Un témoignage significatif, aussi remarquable que touchant, de cette communion de pensées qui s'établit entre les Spirites par la conformité des croyances, ce sont les demandes de prières qui nous viennent des contrées les plus lointaines, depuis le Pérou jusqu'aux extrémités de l'Asie, de la part de personnes de religions et de nationalités diverses, et que nous n'avons jamais vues. N'est-ce pas là le prélude de la grande unification qui se prépare ? la preuve des racines sérieuses que prend partout le Spiritisme ?

Il est remarquable que, de tous les groupes qui se sont formés avec l'intention préméditée de faire scission en proclamant des principes divergents, de même que ceux qui, par des raisons d'amour-propre ou autres, ne voulant pas avoir l'air de subir la loi commune, se sont crus assez forts pour marcher seuls, assez de lumières pour se passer de conseils, aucun n'est parvenu à constituer une idée prépondérante et viable ; tous se sont éteints ou ont végété dans l'ombre. Comment pouvait-il en être autrement, dès lors que pour se distinguer, au lieu de s'efforcer de donner une plus grande somme de satisfactions, ils rejetaient des principes de la doctrine précisément ce qui en fait le plus puissant attrait, ce qu'il y a de plus consolant, de plus encourageant et de plus rationnel ? S'ils avaient compris la puissance des éléments moraux qui ont constitué l'unité, ils ne se seraient pas bercés d'une illusion chimérique ; mais, prenant leur petit cercle pour l'univers, ils n'ont vu dans les adhérents qu'une coterie qui pouvait facilement être renversée par une contre coterie. C'était se méprendre étrangement sur les caractères essentiels de la doctrine, et cette erreur ne pouvait amener que des déceptions ; au lieu de rompre l'unité, ils ont brisé le seul lien qui pouvait leur donner la force et la vie. (Voir Revue spirite, avril 1866, pages 106 et 111 : Le Spiritisme sans les Esprits ; le Spiritisme indépendant).


[6] Tel est l'objet de nos publications, qui peuvent être vues comme le résultat de ce dépouillement. Toutes les opinions y sont discutées, mais les questions ne sont formulées en principes qu'après avoir reçu la consécration de tous les contrôles qui, seule, peut leur donner force de loi et permettre d'affirmer. Voilà pourquoi nous ne préconisons légèrement aucune théorie, et c'est en cela que la Doctrine, procédant de l'enseignement général, n'est point le produit d'un système préconçu ; c'est aussi ce qui fait sa force et assure son avenir.

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