39.- Le fait du retour de la vie corporelle d'un individu, réellement
mort, serait contraire aux lois de la nature, et, par conséquent, plus
miraculeux. Or, il n'est pas nécessaire de recourir à cet ordre de faits
pour expliquer les résurrections opérées par le Christ.
Si,
parmi nous, les apparences trompent parfois les gens de l'art, les
accidents de cette nature devaient être bien autrement fréquents dans un
pays où l'on ne prenait aucune précaution, et où l'ensevelissement
était immédiat
[2].
Il y a donc toute probabilité que, dans les deux exemples ci-dessus, il
n'y avait que syncope ou léthargie. Jésus lui-même le dit positivement
de la faille de Jaïr :
Cette fille, dit-il, n'est pas morte, elle n'est qu'endormie.
D'après la puissance fluidique que possédait Jésus, il n'y a rien
d'étonnant que ce fluide vivifiant, dirigé par une forte volonté, ait
ranimé les sens engourdis ; qu'il ait même pu rappeler dans le corps
l'Esprit prêt à le quitter, tant que le lien périsprital n'était pas
définitivement rompu. Pour les hommes de ce temps, qui croyaient
l'individu mort dès qu'il ne respirait plus, il y avait résurrection, et
ils ont pu l'affirmer de très bonne foi, mais il y avait, en réalité,
guérison et non résurrection dans l'acception du mot.
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[2]Une preuve de cette coutume se trouve dans les Actes des apôtres, ch. V,
v. 5 et suivants :
« Ananie, ayant entendu ces paroles, tomba et rendit l'Esprit ; et tous ceux qui en entendirent parler furent saisis d'une grande crainte. - Aussitôt, quelques jeunes gens vinrent prendre son corps, et, l'ayant emporté, ils l'enterrèrent. - Environ trois heures après, sa femme (Saphire), qui ne savait pas ce qui était arrivé, entra. - Et Pierre lui dit..., etc. - Au même moment elle tomba à ses pieds et rendit l'Esprit. Ces jeunes hommes étant entrés la trouvèrent morte ; et, l'emportant, ils l'enterrèrent auprès de son mari. »