INSTRUCTION PRATIQUE SUR LES MANIFESTATIONS SPIRITES

Allan Kardec

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Paradis : séjour des Bienheureux. Les Anciens le plaçaient dans la partie des Enfers appelée Champs-Elysées (Voy. Enfer) ; les peuples modernes, dans les régions élevées de l'espace. Ce mot est synonyme de ciel, pris dans la même acception, avec cette différence qu'au mot ciel se rattache une idée de béatitude infinie, tandis que celui de paradis est plus circonscrit et rappelle des jouissances un peu plus matérielles. On dit encore monter au ciel, descendre en enfer. Ces opinions sont fondées sur cette croyance primitive, fruit de l'ignorance, que l'univers est formé de sphères concentriques dont la terre occupe le centre ; c'est dans ces sphères appelées ciels que l'on a placé la demeure des justes ; de là l'expression de 5°, de 6° ciel pour désigner les divers degrés de béatitude. Mais depuis lors la science a porté son regard investigateur jusque dans les profondeurs éthéréennes ; elle nous montre l'espace universel sans limites, parsemé d'un nombre infini de globes, parmi lesquels circule le nôtre auquel aucune place de distinction n'est assignée, et sans qu'il y ait pour lui ni haut ni bas. Le savant, ne voyant partout que l'espace infini et des mondes innombrables, là où on lui avait indiqué le ciel ; ne trouvant dans les entrailles de la terre, au lieu de l'Enfer, que les couches géologiques sur lesquelles sa formation est inscrite en caractères irréfragables, il s'est pris à douter du Ciel et de l'Enfer, et de là au doute absolu il n'y avait qu'un pas.

La doctrine enseignée par les Esprits supérieurs est d'accord avec la science ; elle n'a plus rien qui blesse la raison et soit en contradiction avec les connaissances exactes. Elle nous montre le séjour des Bons, non plus dans un lieu clos, ou dans ces prétendues sphères dont l'ignorance avait entouré notre globe, mais partout où il y a de bons Esprits, dans l'espace pour ceux qui sont errants, dans les mondes plus parfaits pour ceux qui sont incarnés ; là est le Paradis Terrestre, là sont les Champs-Elysées, dont l'idée première vient de la connaissance intuitive qui avait été donnée à l'homme de cet état de choses, et que son ignorance et ses préjugés ont réduite à de mesquines proportions. Elle nous montre les méchants trouvant le châtiment de leurs fautes dans leur propre imperfection, dans leurs souffrances morales, dans la présence inévitable de leurs victimes, châtiments plus terribles que les tortures physiques incompatibles avec la doctrine de l'immatérialité de l'âme ; elle nous les montre expiant leurs erreurs par les tribulations de nouvelles existences corporelles qu'ils accomplissent dans des mondes imparfaits, et non dans un lieu d'éternels supplices d'où l'espérance est à jamais bannie. Là est l'Enfer. Que d'hommes nous ont dit : Si l'on nous avait enseigné cela dès notre enfance, nous n'aurions jamais douté !

L'expérience nous apprend que les Esprits non suffisamment dématérialisés sont encore sous l'empire des idées et des préjugés de l'existence corporelle ; ceux qui, dans leurs communications, tiennent un langage conforme aux idées dont l'erreur matérielle est démontrée, prouvent par cela même leur ignorance et leur infériorité. (Paradis, du gr. paradeizos, jardin, verger.)

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