Revue spirite — Journal d'études psychologiques — 1859

Allan Kardec

Retour au menu
Un officier supérieur

1. Evocation. - R. Me voici.

2. Voudriez-vous nous dire comment vous êtes venu si promptement à notre appel ? - R. J'étais prévenu de votre désir.

3. Par qui avez-vous été prévenu ? - R. Par un émissaire de Louis.

4. Aviez-vous connaissance de l'existence de notre société ? - R. Vous le savez.

Remarque. L'officier dont il s'agit avait en effet concouru à faire obtenir à la Société l'autorisation de se constituer.

5. A quel point de vue envisagiez-vous notre société lorsque vous avez aidé à sa formation ? - R. Je n'étais pas encore entièrement fixé, mais je penchais beaucoup à croire, et sans les événements qui sont survenus, je fusse certainement allé m'instruire dans votre cercle.

6. Il y a beaucoup de très grandes notabilités qui partagent les idées spirites, mais qui ne l'avouent pas hautement ; il serait à désirer que des personnes influentes sur l'opinion arborassent ouvertement ce drapeau. - R. Patience ; Dieu le veut, et cette fois le mot est vrai.

7. Dans quelle classe influente de la société pensez-vous que l'exemple sera donné en premier ?- R. Partout un peu d'abord, entièrement ensuite.

8. Veuillez nous dire, au point de vue de l'étude, si, quoique mort à peu près au même moment que le zouave qui vient de venir, vos idées sont plus lucides que les siennes ? - R. Beaucoup ; ce qu'il vous a pu dire qui témoignait une certaine hauteur de pensées lui était soufflé, car il est très bon, mais très ignorant et un peu léger.

9. Vous intéressez-vous encore au succès de nos armes ? - R. Beaucoup plus que jamais, car j'en connais le but aujourd'hui.

10. Veuillez définir votre pensée ; le but a toujours été hautement avoué, et dans votre position surtout, vous deviez le connaître ? - R. Le but que se propose Dieu, le connaissez-vous ?

Remarque. Personne ne méconnaîtra la gravité et la profondeur de cette réponse. Ainsi, vivant, il connaissait le but des hommes : comme Esprit, il voit ce qu'il y a de providentiel dans les événements.

11. Que pensez-vous de la guerre en général ? - R. Mon opinion est que je vous souhaite de progresser assez rapidement pour qu'elle devienne impossible autant qu'inutile.

12. Croyez-vous qu'un jour viendra où elle sera impossible et inutile ? - R. Je le pense, et n'en doute pas, et je puis vous dire que le moment n'est pas si loin que vous pouvez le croire, sans cependant vous donner l'espérance de le voir vous-mêmes.

13. Vous êtes-vous reconnu immédiatement au moment de votre mort ? - R. Je me suis reconnu presque de suite, et cela grâce aux vagues notions que j'avais du spiritisme.

14. Pouvez-vous nous dire quelque chose de M*** mort également à la dernière bataille ?- R. Il est encore dans les filets de la matière ; il a plus de peine à en sortir ; ses pensées ne s'étaient pas dirigées de ce côté.

Remarque. Ainsi la connaissance du spiritisme aide au dégagement de l'âme après la mort ; elle abrège la durée du trouble qui accompagne la séparation ; cela se conçoit ; on connaissait d'avance le monde où l'on se trouve.

15. Avez-vous assisté à l'entrée de nos troupes à Milan ? - R. Oui, et avec bonheur ; j'ai été ravi de l'ovation qui a accueilli nos armes, par patriotisme d'abord, et ensuite à cause de l'avenir qui les attend.

16. Pouvez-vous, comme Esprit, exercer une influence quelconque sur les dispositions stratégiques ? - R. Croyez-vous que cela n'a pas été fait dès le principe, et avez-vous peine à deviner par qui ?

17. Comment se fait-il que les Autrichiens aient si promptement abandonné une place forte comme Pavie ? - R. La peur.

18. Ils sont donc démoralisés ? - R. Complètement ; et puis si l'on agit sur les nôtres dans un sens, vous devez penser qu'une influence d'une autre nature agit sur eux.

Remarque. Ici l'intervention des Esprits dans les événements n'est pas équivoque ; ils préparent les voies pour l'accomplissement des vues de la Providence. Les Anciens auraient dit que c'était l'ouvrage des Dieux ; nous disons que c'est celui des Esprits par l'ordre de Dieu.

19. Veuillez nous donner votre appréciation sur le général Giulay, comme militaire, et tout sentiment de nationalité à part. - R. Pauvre, pauvre général.

20. Reviendrez-vous avec plaisir si nous vous en prions ? - R. Je suis à votre disposition, et je promets même de revenir sans être appelé ; la sympathie que j'avais pour vous ne peut que s'accroître, vous devez le penser. Adieu.

Articles connexes

Voir articles connexes