L’ÉVANGILE SELON LE SPIRITISME

Allan Kardec

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CHAPITRE VIII
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BIENHEUREUX CEUX QUI ONT LE COEUR PUR


Laissez venir à moi les petits enfants. - Péché en pensée. Adultère. - Vraie pureté. Mains non lavées. - Scandales. Si votre main est un sujet de scandale, coupez-la. - Instructions des Esprits: Laissez venir à moi les petits enfants. - Bienheureux ceux qui ont les yeux fermés.


Laissez venir à moi les petits enfants

1. Bienheureux ceux qui ont le coeur pur, parce qu'ils verront Dieu. (Saint Matthieu, ch. V, v. 8.)

2. Alors on lui présenta de petits enfants, afin qu'il les touchât ; et comme ses disciples repoussaient avec des paroles rudes ceux qui les lui présentaient, - Jésus le voyant s'en fâcha et leur dit : Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les empêchez point ; car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent. - Je vous le dis en vérité, quiconque ne recevra point le royaume de Dieu comme un enfant, n'y entrera point. - Et les ayant embrassés, il les bénit en leur imposant les mains. (Saint Marc, ch. X, v. de 13 à 16.)

3. La pureté du coeur est inséparable de la simplicité et de l'humilité ; elle exclut toute pensée d'égoïsme et d'orgueil ; c'est pourquoi Jésus prend l'enfance pour l'emblème de cette pureté, comme il l'a prise pour celui de l'humilité.

Cette comparaison pourrait ne pas sembler juste, si l'on considère que l'Esprit de l'enfant peut être très ancien, et qu'il apporte en renaissant à la vie corporelle les imperfections dont il ne s'est pas dépouillé dans ses existences précédentes ; un Esprit arrivé à la perfection pourrait seul nous donner le type de la vraie pureté. Mais elle est exacte au point de vue de la vie présente ; car le petit enfant, n'ayant encore pu manifester aucune tendance perverse, nous offre l'image de l'innocence et de la candeur ; aussi Jésus ne dit-il point d'une manière absolue que le royaume de Dieu est pour eux, mais pour ceux qui leur ressemblent.

4. Puisque l'Esprit de l'enfant a déjà vécu, pourquoi ne se montre-t-il pas, dès la naissance, ce qu'il est ? Tout est sage dans les oeuvres de Dieu. L'enfant a besoin de soins délicats que la tendresse maternelle peut seule lui rendre, et cette tendresse s'accroît de la faiblesse et de l'ingénuité de l'enfant. Pour une mère, son enfant est toujours un ange, et il fallait qu'il en fût ainsi pour captiver sa sollicitude ; elle n'aurait pu avoir avec lui le même abandon, si, au lieu de la grâce naïve, elle eût trouvé en lui, sous des traits enfantins, un caractère viril et les idées d'un adulte, et encore moins si elle eût connu son passé.

Il fallait, d'ailleurs, que l'activité du principe intelligent fût proportionnée à la faiblesse du corps qui n'aurait pu résister à une activité trop grande de l'Esprit, ainsi qu'on le voit chez les sujets trop précoces. C'est pour cela que, dès les approches de l'incarnation, l'Esprit, entrant dans le trouble, perd peu à peu la conscience de lui-même ; il est, durant une certaine période, dans une sorte de sommeil pendant lequel toutes ses facultés demeurent à l'état latent. Cet état transitoire est nécessaire pour donner à l'Esprit un nouveau point de départ, et lui faire oublier, dans sa nouvelle existence terrestre, les choses qui eussent pu l'entraver. Son passé, cependant, réagit sur lui ; il renaît à la vie plus grand, plus fort moralement et intellectuellement, soutenu et secondé par l'intuition qu'il conserve de l'expérience acquise.

A partir de la naissance, ses idées reprennent graduellement leur essor au fur et à mesure du développement des organes ; d'où l'on peut dire que, pendant les premières années, l'Esprit est véritablement enfant, parce que les idées qui forment le fond de son caractère sont encore assoupies. Pendant le temps où ses instincts sommeillent, il est plus souple, et, par cela même, plus accessible aux impressions qui peuvent modifier sa nature et le faire progresser, ce qui rend plus facile la tâche imposée aux parents.

L'Esprit revêt donc pour un temps la robe d'innocence, et Jésus est dans le vrai quand, malgré l'antériorité de l'âme, il prend l'enfant pour emblème de la pureté et de la simplicité.



Péché en pensées. Adultère

5. Vous avez appris qu'il a été dit aux Anciens : Vous ne commettrez point d'adultère. - Mais moi je vous dis que quiconque aura regardé une femme avec un mauvais désir pour elle a déjà commis l'adultère avec elle dans son coeur. (Saint Matthieu, ch. V, v. 27 et 28.)

6. Le mot adultère ne doit point être entendu ici dans le sens exclusif de son acception propre, mais dans un sens plus général ; Jésus l'a souvent employé par extension pour désigner le mal, le péché, et toute mauvaise pensée quelconque, comme, par exemple, dans ce passage : «Car si quelqu'un rougit de moi et de mes paroles parmi cette race adultère et pécheresse, le Fils de l'homme rougira aussi de lui, lorsqu'il viendra accompagné des saints anges dans la gloire de son Père.» (Saint Marc, ch. VIII, v. 38.)

La vraie pureté n'est pas seulement dans les actes ; elle est aussi dans la pensée, car celui qui a le coeur pur ne pense même pas au mal ; c'est ce qu'a voulu dire Jésus : il condamne le péché, même en pensée, parce que c'est un signe d'impureté.

7. Ce principe amène naturellement cette question : Subit-on les conséquences d'une mauvaise pensée non suivie d'effet ?

Il y a ici une importante distinction à faire. A mesure que l'âme engagée dans la mauvaise voie, avance dans la vie spirituelle, elle s'éclaire et se dépouille peu à peu de ses imperfections, selon le plus ou moins de bonne volonté qu'elle y apporte en vertu de son libre arbitre. Toute mauvaise pensée est donc le résultat de l'imperfection de l'âme ; mais selon le désir qu'elle a conçu de s'épurer, cette mauvaise pensée même devient pour elle une occasion d'avancement, parce qu'elle la repousse avec énergie ; c'est l'indice d'une tache qu'elle s'efforce d'effacer ; elle ne cédera pas si l'occasion se présente de satisfaire un mauvais désir ; et après qu'elle aura résisté, elle se sentira plus forte et joyeuse de sa victoire.

Celle, au contraire, qui n'a pas pris de bonnes résolutions cherche l'occasion, et si elle n'accomplit pas l'acte mauvais, ce n'est pas l'effet de sa volonté, mais c'est l'occasion qui lui manque ; elle est donc aussi coupable que si elle le commettait.

En résumé, chez la personne qui ne conçoit même pas la pensée du mal, le progrès est accompli ; chez celle à qui vient cette pensée, mais qui la repousse, le progrès est en train de s'accomplir ; chez celle, enfin, qui a cette pensée et s'y complaît, le mal est encore dans toute sa force ; chez l'une le travail est fait, chez l'autre il est à faire. Dieu, qui est juste, tient compte de toutes ces nuances dans la responsabilité des actes et des pensées de l'homme.


Vraie pureté. Mains non lavées

8. Alors des scribes et des pharisiens qui étaient venus de Jérusalem s'approchèrent de Jésus et lui dirent : - Pourquoi vos disciples violent-ils la tradition des Anciens ? car ils ne lavent point leurs mains lorsqu'ils prennent leurs repas.

Mais Jésus leur répondit : Pourquoi vous-mêmes violez-vous le commandement de Dieu pour suivre votre tradition ? car Dieu a fait ce commandement : - Honorez votre père et votre mère ; et cet autre : Que celui qui dira des paroles outrageuses à son père ou à sa mère soit puni de mort. - Mais vous autres vous dites : Quiconque aura dit à son père ou à sa mère : Tout don que je fais à Dieu vous est utile, satisfait à la loi, - encore qu'après cela il n'honore et n'assiste point son père ou sa mère ; et ainsi vous avez rendu inutile le commandement de Dieu par votre tradition.

Hypocrites, Isaïe a bien prophétisé de vous quand il a dit : - Ce peuple m'honore des lèvres, mais son coeur est loin de moi ; - et c'est en vain qu'ils m'honorent en enseignant des maximes et des ordonnances humaines.

Puis ayant appelé le peuple, il leur dit : Ecoutez et comprenez bien ceci : - Ce n'est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l'homme ; mais c'est ce qui sort de la bouche de l'homme qui le souille. - Ce qui sort de la bouche part du coeur, et c'est ce qui rend l'homme impur ; - car c'est du coeur que partent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les fornications, les larcins, les faux témoignages, les blasphèmes et les médisances ; - ce sont là les choses qui rendent l'homme impur ; mais de manger sans avoir lavé ses mains, ce n'est point ce qui rend un homme impur.

Alors ses disciples s'approchant de lui, lui dirent : Savez-vous bien que les Pharisiens ayant entendu ce que vous venez de dire en sont scandalisés ? - Mais il répondit : Toute plante que mon Père céleste n'a point plantée sera arrachée. -Laissez-les ; ce sont des aveugles qui conduisent des aveugles ; si un aveugle en conduit un autre, ils tombent tous les deux dans la fosse. (Saint Matthieu, ch. XV, v. de 1 à 20.)

9. Pendant qu'il parlait, un Pharisien le pria de dîner chez lui ; et Jésus y étant allé se mit à table. - Le Pharisien commença alors à dire en lui-même : Pourquoi ne s'est-il pas lavé les mains avant de dîner ? - Mais le Seigneur lui dit : Vous autres Pharisiens, vous avez grand soin de nettoyer le dehors de la coupe et du plat ; mais le dedans de vos coeurs est plein de rapines et d'iniquités. Insensés que vous êtes ! celui qui a fait le dehors n'a-t-il pas fait aussi le dedans ? (Saint Luc, ch. XI, v. de 37 à 40.)

10. Les Juifs avaient négligé les véritables commandements de Dieu, pour s'attacher à la pratique des règlements établis par les hommes et dont les rigides observateurs se faisaient des cas de conscience ; le fond, très simple, avait fini par disparaître sous la complication de la forme. Comme il était plus aisé d'observer des actes extérieurs que de se réformer moralement, de se laver les mains que de nettoyer son coeur, les hommes se firent illusion à eux-mêmes, et se croyaient quittes envers Dieu, parce qu'ils se conformaient à ces pratiques, tout en restant ce qu'ils étaient ; car on leur enseignait que Dieu n'en demandait pas davantage. C'est pourquoi le prophète dit : C'est en vain que ce peuple m'honore des lèvres, en enseignant des maximes et des ordonnances humaines.

Ainsi en a-t-il été de la doctrine morale du Christ, qui a fini par être mise au second rang, ce qui fait que beaucoup de chrétiens, à l'exemple des anciens Juifs, croient leur salut plus assuré par les pratiques extérieures que par celles de la morale. C'est à ces additions faites par les hommes à la loi de Dieu que Jésus fait allusion quand il dit : Toute plante que mon Père céleste n'a point plantée sera arrachée.

Le but de la religion est de conduire l'homme à Dieu ; or, l'homme n'arrive à Dieu que lorsqu'il est parfait ; donc toute religion qui ne rend pas l'homme meilleur n'atteint pas le but ; celle sur laquelle on croit pouvoir s'appuyer pour faire le mal est, ou fausse, ou faussée dans son principe. Tel est le résultat de toutes celles où la forme l'emporte sur le fond. La croyance à l'efficacité des signes extérieurs est nulle, si elle n'empêche pas de commettre des meurtres, des adultères, des spoliations, de dire des calomnies, et de faire tort à son prochain en quoi que ce soit. Elle fait des superstitieux, des hypocrites ou des fanatiques, mais ne fait pas des hommes de bien.

Il ne suffit donc pas d'avoir les apparences de la pureté, il faut avant tout avoir celle du coeur.



Scandales. Si votre main est un sujet de scandale, coupez-la

11. Malheur au monde à cause des scandales ; car il est nécessaire qu'il arrive des scandales ; mais malheur à l'homme par qui le scandale arrive.

Si quelqu'un scandalise un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu'on lui pendît au cou une de ces meules qu'un âne tourne, et qu'on le jetât au fond de la mer.

Prenez bien garde de mépriser aucun de ces petits ; je vous déclare que dans le ciel leurs anges voient sans cesse la face de mon Père qui est dans les cieux ; car le Fils de l'homme est venu sauver ce qui était perdu.

Si votre main ou votre pied vous est un sujet de scandale, coupez-les et les jetez loin de vous ; il vaut bien mieux pour vous que vous entriez dans la vie n'ayant qu'un pied ou qu'une main, que d'en avoir deux et d'être jeté dans le feu éternel. - Et si votre oeil vous est un sujet de scandale, arrachez-le, et jetez-le loin de vous ; il vaut mieux pour vous que vous entriez dans la vie n'ayant qu'un oeil que d'en avoir deux et d'être précipité dans le feu de l'enfer. (Saint Matthieu, ch. XVIII, v. de 6 à 10.)

12. Dans le sens vulgaire, scandale se dit de toute action qui choque la morale ou les bienséances d'une manière ostensible. Le scandale n'est pas dans l'action en elle-même, mais dans le retentissement qu'elle peut avoir. Le mot scandale implique toujours l'idée d'un certain éclat. Beaucoup de personnes se contentent d'éviter le scandale, parce que leur orgueil en souffrirait, leur considération en serait amoindrie parmi les hommes ; pourvu que leurs turpitudes soient ignorées, cela leur suffit, et leur conscience est en repos. Ce sont, selon les paroles de Jésus : «des sépulcres blanchis à l'extérieur, mais pleins de pourriture à l'intérieur ; des vases nettoyés en dehors, malpropres en dedans.»

Dans le sens évangélique, l'acception du mot scandale, si fréquemment employé, est beaucoup plus générale, c'est pourquoi on n'en comprend pas l'acception dans certains cas. Ce n'est plus seulement ce qui froisse la conscience d'autrui, c'est tout ce qui est le résultat des vices et des imperfections des hommes, toute réaction mauvaise d'individu à individu avec ou sans retentissement. Le scandale, dans ce cas, est le résultat effectif du mal moral.

13. Il faut qu'il y ait du scandale dans le monde, a dit Jésus, parce que les hommes étant imparfaits sur la terre sont enclins à faire le mal, et que de mauvais arbres donnent de mauvais fruits. Il faut donc entendre par ces paroles que le mal est une conséquence de l'imperfection des hommes, et non qu'il y a pour eux obligation de le faire.

14. Il est nécessaire que le scandale arrive, parce que les hommes étant en expiation sur la terre se punissent eux-mêmes par le contact de leurs vices dont ils sont les premières victimes, et dont ils finissent par comprendre les inconvénients. Lorsqu'ils seront las de souffrir du mal, ils chercheront le remède dans le bien. La réaction de ces vices sert donc à la fois de châtiment pour les uns et d'épreuve pour les autres ; c'est ainsi que Dieu fait sortir le bien du mal, que les hommes eux-mêmes utilisent les choses mauvaises ou de rebut.

15. S'il en est ainsi, dira-t-on, le mal est nécessaire et durera toujours ; car s'il venait à disparaître, Dieu serait privé d'un puissant moyen de châtier les coupables ; donc il est inutile de chercher à améliorer les hommes. Mais s'il n'y avait plus de coupables, il n'y aurait plus besoin de châtiments. Supposons l'humanité transformée en hommes de bien, aucun ne cherchera à faire du mal à son prochain, et tous seront heureux, parce qu'ils seront bons. Tel est l'état des mondes avancés d'où le mal est exclu ; tel sera celui de la terre quand elle aura suffisamment progressé. Mais tandis que certains mondes avancent, d'autres se forment, peuplés d'Esprits primitifs, et qui servent en outre d'habitation, d'exil et de lieu expiatoire pour les Esprits imparfaits, rebelles, obstinés dans le mal, et qui sont rejetés des mondes devenus heureux.

16. Mais malheur à celui par qui le scandale arrive ; c'est-à-dire que le mal étant toujours le mal, celui qui a servi à son insu d'instrument pour la justice divine, dont les mauvais instincts ont été utilisés, n'en a pas moins fait le mal et doit être puni. C'est ainsi, par exemple, qu'un enfant ingrat est une punition ou une épreuve pour le père qui en souffre, parce que ce père a peut-être été lui-même un mauvais fils qui a fait souffrir son père, et qu'il subit la peine du talion ; mais le fils n'en est pas plus excusable, et devra être châtié à son tour dans ses propres enfants ou d'une autre manière.

17. Si votre main vous est une cause de scandale, coupez-la ; figure énergique qu'il serait absurde de prendre à la lettre, et qui signifie simplement qu'il faut détruire en soi toute cause de scandale, c'est-à-dire de mal ; arracher de son coeur tout sentiment impur et tout principe vicieux ; c'est-à-dire encore qu'il vaudrait mieux pour un homme avoir eu la main coupée, que si cette main eût été pour lui l'instrument d'une mauvaise action ; être privé de la vue, que si ses yeux lui eussent donné de mauvaises pensées. Jésus n'a rien dit d'absurde pour quiconque saisit le sens allégorique et profond de ses paroles ; mais beaucoup de choses ne peuvent être comprises sans la clef qu'en donne le spiritisme.


INSTRUCTIONS DES ESPRITS

Laissez venir à moi les petits enfants

18. Le Christ a dit : «Laissez venir à moi les petits enfants.» Ces paroles, profondes dans leur simplicité, n'emportaient pas avec elles le simple appel des enfants, mais celui des âmes qui gravitent dans les cercles inférieurs où le malheur ignore l'espérance. Jésus appelait à lui l'enfance intellectuelle de la créature formée : les faibles, les esclaves, les vicieux ; il ne pouvait rien enseigner à l'enfance physique, engagée dans la matière, soumise au joug de l'instinct, et n'appartenant pas encore à l'ordre supérieur de la raison et de la volonté qui s'exercent autour d'elle et pour elle.

Jésus voulait que les hommes vinssent à lui avec la confiance de ces petits êtres aux pas chancelants, dont l'appel lui conquérait le coeur des femmes qui sont toutes mères ; il soumettait ainsi les âmes à sa tendre et mystérieuse autorité. Il fut le flambeau qui éclaire les ténèbres, le clairon matinal qui sonne le réveil : il fut l'initiateur du spiritisme qui doit à son tour appeler à lui, non les petits enfants, mais les hommes de bonne volonté. L'action virile est engagée ; il ne s'agit plus de croire instinctivement et d'obéir machinalement, il faut que l'homme suive la loi intelligente qui lui révèle son universalité.

Mes bien-aimés, voici le temps où les erreurs expliquées seront des vérités ; nous vous enseignerons le sens exact des paraboles, et nous vous montrerons la corrélation puissante qui relie ce qui a été et ce qui est. Je vous dis en vérité : la manifestation spirite grandit à l'horizon ; et voici son envoyé qui va resplendir comme le soleil sur la cime des monts. (JEAN l'Evangéliste. Paris, 1863.)

19. Laissez venir à moi les petits enfants, car je possède le lait qui fortifie les faibles. Laissez venir à moi ceux qui, craintifs et débiles, ont besoin d'appui et de consolation. Laissez venir à moi les ignorants pour que je les éclaire ; laissez venir à moi tous ceux qui souffrent, la multitude des affligés et des malheureux ; je leur enseignerai le grand remède pour adoucir les maux de la vie, je leur donnerai le secret de guérir leurs blessures ! Quel est-il, mes amis, ce baume souverain, possédant la vertu par excellence, ce baume qui s'applique sur toutes les plaies du coeur et les ferme ? C'est l'amour, c'est la charité ! Si vous avez ce feu divin, que craindrez-vous ? Vous direz à tous les instants de votre vie : Mon père, que votre volonté soit faite et non la mienne ; s'il vous plaît de m'éprouver par la douleur et les tribulations, soyez béni, car c'est pour mon bien, je le sais, que votre main s'appesantit sur moi. S'il vous convient, Seigneur, d'avoir pitié de votre faible créature, si vous donnez à son coeur les joies permises, soyez encore béni ; mais faites que l'amour divin ne s'endorme pas dans son âme, et que sans cesse elle fasse monter à vos pieds la voix de sa reconnaissance !...

Si vous avez l'amour, vous aurez tout ce qui est à désirer sur votre terre, vous posséderez la perle par excellence que ni les événements, ni les méchancetés de ceux qui vous haïssent et vous persécutent ne pourront vous ravir. Si vous avez l'amour, vous aurez placé vos trésors là où les vers et la rouille ne peuvent les atteindre, et vous verrez s'effacer insensiblement de votre âme tout ce qui peut en souiller la pureté ; vous sentirez le poids de la matière s'alléger de jour en jour, et, pareil à l'oiseau qui plane dans les airs et ne se souvient plus de la terre, vous monterez sans cesse, vous monterez toujours, jusqu'à ce que votre âme enivrée puisse s'abreuver à son élément de vie dans le sein du Seigneur. (UN ESPRIT PROTECTEUR. Bordeaux, 1861.)



Bienheureux ceux qui ont les yeux fermés *

20. Mes bons amis, vous m'avez appelé, pourquoi ? Est-ce pour me faire imposer les mains sur la pauvre souffrante qui est ici, et la guérir ? Eh ! quelle souffrance, bon Dieu ! Elle a perdu la vue, et les ténèbres se font pour elle. Pauvre enfant ! qu'elle prie et qu'elle espère ; je ne sais point faire de miracles, moi, sans la volonté du bon Dieu. Toutes les guérisons que j'ai pu obtenir, et qui vous ont été signalées, ne les attribuez qu'à celui qui est notre Père à tous. Dans vos afflictions, regardez donc toujours le ciel, et dites du fond de votre coeur : «Mon Père, guérissez-moi, mais faites que mon âme malade soit guérie avant les infirmités de mon corps ; que ma chair soit châtiée, s'il le faut, pour que mon âme s'élève vers vous avec la blancheur qu'elle avait quand vous l'avez créée.» Après cette prière, mes bons amis, que le bon Dieu entendra toujours, la force et le courage vous seront donnés, et peut-être aussi cette guérison que vous n'aurez demandée que craintivement, en récompense de votre abnégation.

Mais puisque je suis ici, dans une assemblée où il s'agit avant tout d'études, je vous dirai que ceux qui sont privés de la vue devraient se considérer comme les bienheureux de l'expiation. Rappelez-vous que Christ a dit qu'il fallait arracher votre oeil s'il était mauvais et qu'il valait mieux qu'il fût jeté au feu que d'être la cause de votre damnation. Hélas ! combien en est-il sur votre terre qui maudiront un jour dans les ténèbres d'avoir vu la lumière ! Oh ! oui, qu'ils sont heureux ceux-là qui, dans l'expiation, sont frappés par la vue ! leur oeil ne sera point un sujet de scandale et de chute ; ils peuvent vivre tout entiers de la vie des âmes ; ils peuvent voir plus que vous qui voyez clair... Quand Dieu me permet d'aller ouvrir la paupière à quelqu'un de ces pauvres souffrants et de lui rendre la lumière, je me dis : Chère âme, pourquoi ne connais-tu point toutes les délices de l'Esprit qui vit de contemplation et d'amour ? tu ne demanderais pas à voir des images moins pures et moins suaves que celles qu'il t'est donné d'entrevoir dans ta cécité.

Oh ! oui, bienheureux l'aveugle qui veut vivre avec Dieu ; plus heureux que vous qui êtes ici, il sent le bonheur, il le touche, il voit les âmes et peut s'élancer avec elles dans les sphères spirites que les prédestinés de votre terre même ne voient point. L'oeil ouvert est toujours prêt à faire faillir l'âme ; l'oeil fermé, au contraire, est toujours prêt à la faire monter à Dieu. Croyez-moi bien, mes bons et chers amis, l'aveuglement des yeux est souvent la véritable lumière du coeur, tandis que la vue, c'est souvent l'ange ténébreux qui conduit à la mort.

Et maintenant quelques mots pour toi, ma pauvre souffrante : espère et prends courage ! si je te disais : Mon enfant, tes yeux vont s'ouvrir, comme tu serais joyeuse ! et qui sait si cette joie ne te perdrait pas ? Aie confiance dans le bon Dieu qui a fait le bonheur et permis la tristesse ! Je ferai tout ce qu'il me sera permis pour toi ; mais, à ton tour, prie, et surtout songe à tout ce que je viens de te dire.

Avant que je m'éloigne, vous tous qui êtes ici, recevez ma bénédiction. (VIANNEY, curé d'Ars. Paris, 1863.)

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* Cette communicafion a élé donnée à propos d'une personne aveugle, pour laquelle on avait évoqué l'Esprit de J .-B. VIANNEY, curé d'Ars.



21. Remarque. Lorsqu'une affliction n'est pas une suite des actes de la vie présente, il faut en chercher la cause dans une vie antérieure. Ce que l'on appelle les caprices du sort, ne sont autre chose que les effets de la justice de Dieu. Dieu n'inflige point de punitions arbitraires ; il veut qu'entre la faute et la peine, il y ait toujours corrélation. Si, dans sa bonté, il a jeté un voile sur nos actes passés, il nous met cependant sur la voie, en disant : «Qui a tué par l’épée, périra par l'épée ;» paroles qui peuvent se traduire ainsi : «On est toujours puni par où l'on a péché.» Si donc quelqu'un est affligé par la perte de la vue, c'est que la vue a été pour lui une cause de chute. Peut-être aussi a-t-il été cause de la perte de la vue chez un autre ; peut-être quelqu'un est-il devenu aveugle par l'excès de travail qu'il lui a imposé, ou par suite de mauvais traitements, de manque de soins, etc., et alors il subit la peine du talion. Lui-même, dans son repentir, a pu choisir cette expiation, s'appliquant cette parole de Jésus : «Si votre oeil vous est un sujet de scandale, arrachez-le.»

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