L’ÉVANGILE SELON LE SPIRITISME

Allan Kardec

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6. Il y a dans la pratique du pardon, et dans celle du bien en général, plus qu'un effet moral, il y a aussi un effet matériel. La mort, on le sait, ne nous délivre pas de nos ennemis ; les Esprits vindicatifs poursuivent souvent de leur haine, au-delà de la tombe, ceux contre lesquels ils ont conservé de la rancune ; c'est pourquoi le proverbe qui dit : «Morte la bête, mort le venin,» est faux quand on l'applique à l'homme. L'Esprit mauvais attend que celui à qui il veut du mal soit enchaîné à son corps et moins libre, pour le tourmenter plus facilement, l'atteindre dans ses intérêts ou dans ses affections les plus chères. Il faut voir dans ce fait la cause de la plupart des cas d'obsession, de ceux surtout qui présentent une certaine gravité, comme la subjugation et la possession. L'obsédé et le possédé sont donc presque toujours victimes d'une vengeance antérieure, à laquelle ils ont probablement donné lieu par leur conduite. Dieu le permet pour les punir du mal qu'ils ont fait eux-mêmes, ou, s'ils n'en ont pas fait, pour avoir manqué d'indulgence et de charité en ne pardonnant pas. Il importe donc, au point de vue de sa tranquillité future, de réparer au plus tôt les torts que l'on a eus envers son prochain, de pardonner à ses ennemis, afin d'éteindre, avant de mourir, tout sujet de dissensions, toute cause fondée d'animosité ultérieure ; par ce moyen, d'un ennemi acharné en ce monde, on peut se faire un ami dans l'autre ; tout au moins on met le bon droit de son côté, et Dieu ne laisse pas celui qui a pardonné en butte à la vengeance. Quand Jésus recommande de s'arranger au plus tôt avec son adversaire, ce n'est pas seulement en vue d'apaiser les discordes pendant l'existence actuelle, mais d'éviter qu'elles ne se perpétuent dans les existences futures. Vous ne sortirez point de là, dit-il, que vous n'ayez payé jusqu'à la dernière obole, c'est-à-dire satisfait complètement à la justice de Dieu.

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